Une nouvelle façon de voir nos difficultés quotidiennes :
Claire revient d’une journée de travail, à son arrivée son fils de 14 ans, Paul, est affalé dans le canapé devant l’écran.
“Paul, ça fait 100 fois que je te demande de ranger tes affaires avant de te mettre à jouer !” s’agace t’elle.
Paul souffle bruyamment, se lève et part dans sa chambre en claquant la porte.
Claire est à la fois hyper énervée car “quand même c’est pas si compliqué” et en même temps triste car à priori la soirée, comme celle d’hier, ne sera à priori pas légère et joyeuse.
Cette scène est relativement banale dans les familles avec un ou deux adolescents, mais cette banalité n’enlève ni la frustration ni l’incompréhension des deux côtés.
La plupart d'entre nous aurait tendance à penser : "Cet adolescent est vraiment difficile" ou "Claire devrait être plus ferme et lui supprimer l’accès aux jeux".
J’ai tendance à regarder cette scène sous un autre oeil; si l’enjeu était finalement ailleurs ? et si au lieu de chercher à identifier l’oeuf ou la poule on observait juste la “danse” qui se joue entre eux pour leur proposer autre chose?
Voir l'ensemble plutôt que les parties
L'approche que je pratique, née à Palo Alto dans les années 1950, propose une vision radicalement différente de nos problèmes quotidiens.
Elle nous invite à regarder non pas l'individu isolé, mais les relations entre les personnes.
Dans notre exemple, plutôt que de se demander "Qu'est-ce qui ne va pas chez Claire ou chez Paul", on se demanderait plutôt “Qu’est ce qui se joue entre Claire et Paul ? Comment interagissent-ils ensemble?”
Cette manière de voir le problème change réellement la donne, la personne n’est plus considérée comme problématique, on va plutôt se concentrer sur la relation ou un pan de celle-ci, qui pourrait être considérée comme problématique du moins en partie.
C’est particulièrement libérateur, cela veut dire aussi que personne n’est “défectueux” ou “ intrinsèquement problématique” c’est plutôt la manière dont nous sommes en relation qui peut être ajustée.
Les cercles sans fin de nos interactions
Avez-vous déjà remarqué comment certaines disputes semblent suivre toujours le même schéma ? C'est comme si nous étions pris dans une boucle :
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Claire demande à Paul de ranger
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Paul résiste
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Claire insiste plus fortement
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Paul se braque davantage
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Retour à l'étape 3...
Plus Claire essaie d’obtenir ce qu’elle veut à priori moins elle l’obtient.
C'est ce que l’on va appeler “faire plus de la même chose” dans l’école de Palo Alto et cette même chose est, en première intention, hyper logique donc d’autant plus complexe à changer ou modifier.
L’idée intéressante derrière c’est de se dire qu’en faisant faire ne serait-ce qu’un petit pas de côté toute la dynamique relationnelle va changer.
Changer le cadre plutôt que le tableau
L'un des outils puissants est ce qu'on appelle le "recadrage" : voir la même situation sous un angle totalement différent.
Imaginons que Claire commence à percevoir la résistance de Paul non plus comme de la flemme mais plutôt comme les premiers soubresauts de son envie d’être indépendant.
Ce nouveau point de vue pourrait permettre à Claire de réagir différemment et à commencer à valoriser par exemple son autonomie dans d’autres domaines, assouplissant ainsi la réaction de Paul en réaction.
Cette façon de voir les choses s'applique à toutes nos relations :
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Un couple qui se dispute constamment sur les dépenses pourrait réaliser qu'il s'agit en fait d'une question de sécurité et de valeurs et pas seulement l'un des deux qui fait de la phobie comptable...
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Un conflit avec un collègue pourrait être vu comme une manière différente de gérer le stress plus que parce que l’un des deux est profondément une personne malveillante qui rêve de piquer votre place
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Même notre dialogue intérieur peut bénéficier de ce changement de perspective !
Quelques idées à emporter
Cette manière de voir transforme notre rapport aux difficultés relationnelles :
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Les problèmes n'existent pas de manière isolée mais dans un contexte d'interactions
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Nos tentatives de solution peuvent parfois maintenir le problème
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Un petit changement dans la façon dont nous percevons le problème peut transformer tout un système de relations
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Il est plus utile de se demander "que puis-je faire différemment?" que "qui a tort?"
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Le changement peut être rapide lorsqu'on agit sur les interactions plutôt que sur les personnes
Si cette façon d'aborder une situation problématique vous intéresse, n'hésitez pas à me contacter pour explorer ensemble comment cette approche pourrait vous aider à résoudre vos difficultés relationnelles, qu'elles soient familiales, professionnelles ou personnelles.